Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d’un an, lorsqu’elles avaient passé quelques jours ensemble sur l’île de Jeju. C’est là que réside Inseon et que, l’avant-veille de ces retrouvailles, elle s’est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l’ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu’elle puisse être opérée de toute urgence. L’intervention s’est bien passée mais le perroquet blanc d’Inseon n’a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d’ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l’animal. Malheureusement, une tempête de neige s’abat sur l’île à l’arrivée de Gyeongha.
"Impossibles adieux porte bien son titre, l'autrice nous amène dans une dimension aux confins du réel, dans un monde où le temps et l'espace se confondent à l'infini. Il faut l'acceper cette métaphore incarnée si caractéristique de cette sublime prix nobel. Et une fois que c'est fait, se laisser porter pour apprécier vraiment ce livre, cette ambiance, cette poésie. Car Han Kang maîtrise les mots à la perfection. Chacun est posé là où il doit être, précisément et crée cette atmosphère, support de premier ordre, au propos. Le propos justement, il est dur, très dur, nous sommes dans un livre témoignage, un livre qui se doit cru, pour ne pas oublier, dans le même état d'esprit qu'un autre adieu, celui aux armes, d'Hemingway."
LAURIANE B.
"Une amitié entre deux femmes, l'une : Inseon, blessée et soignée à l'hôpital, demande à son amie : Gyeongha de se rendre en urgence chez elle afin de nourrir son perroquet. Mais en ce mois de décembre le voyage s'avère très difficile vers cette île ensevelie sous la neige, balayée par le vent et glacée par le froid. Lorsque Gyeongha parvient enfin à la maison totalement isolée et coupée du monde, elle découvre de très nombreuses boîtes d'archives révélant les massacres épouvantables qui ont eu lieu en Corée entre novembre 1948 et début 1949. Des souvenirs douloureux, des lettres, des échanges, des conversations et l'empreinte des exactions refont surface, nous dévoilant un pan méconnu de cette histoire tragique : le massacre de trente mille civils assassinés."
MARION C.
"Han Kang livre un roman d'une beauté troublante, où l'onirisme devient le seul langage possible pour évoquer une réalité historique atroce : le massacre de Jeju en 1948. Refusant toute frontalité, le songe, les visions fantomatiques et la neige omniprésente tissent un voile entre les vivants et les morts. Loin d'éloigner de la violence, cette esthétique du rêve renforce la portée émotionnelle du récit en créant toute l'ambiance de ce livre, en troublant nos sens pour mieux absorber la réalité du massacre de Jeju. Au coeur de cette narration flottante, un oiseau devient le symbole central. Sa fragilité incarne celle de la vie, de la mémoire, de la transmission. Sauver cet être minuscule n'est pas un geste anodin : c'est un refus du silence, une manière de faire corps ensemble pour survivre, au-delà des générations, des temps et des frontières."
MARIE-AMELIE P.